(Article publié initialement en 2014)
Comme annoncé dans la réponse à M. Montmoreau et dans le
précédent article sur l’incohérence du dispositif de certification
CERTIBIOCIDE, voici notre proposition détaillée de réforme ou adaptation du
programme.
Préambule :
L’arrêté du 9 octobre 2013 instituant le dispositif
CERTIBIOCIDE indique que « les
durées par chapitre sont indicatives ».
Ce qui signifie clairement qu’il est possible d’adapter
contenus et durées aux besoins des stagiaires, puisque le « Protocole de mise en œuvre » de Simmbad.fr
(site officiel du MEDD) dit que: « l’organisme
de formation s’assure de l’éligibilité du demandeur (certificat/attestation de
formation Certiphyto éventuellement possédé), s’informe sur l’expérience
professionnelle, les formations suivies, s’informe sur les spécificités de
l’activité professionnelle des stagiaires et les problématiques
environnementales de la zone géographique où ils exercent leurs fonctions.
(…) Les organismes de formation s’attachent, dans toute la mesure du possible,
à constituer des groupes de stagiaires exerçant dans le même secteur
d’activité : utilisation de biocides ou vente de biocides. »
Certification ne vaut pas qualification : simmbad.fr précise que « le certificat porte sur des connaissances et
non sur des compétences professionnelles. Il exclut donc l’évaluation des
savoir-faire et ne confère pas une qualification professionnelle. »
(C’est nous qui soulignons).
L’existant (tiré de simmbad.fr)
Programme de formation (durés indicatives préconisées
entre parenthèses, pour un total de 21 heures) :
Chapitre «
réglementation » (2 h 30) :
-
Introduction au certificat individuel pour
l’activité « utilisateur professionnel et distribution de certains types de
produits biocides destinés exclusivement aux professionnels ».
-
Définition des produits biocides, cadre réglementaire
français et européen, produits autorisés et produits illégaux, autorisation de
mise sur le marché, utilisation des produits, réglementation du transport et du
stockage.
Chapitres «
produits rodenticides » « produits insecticides » et « produits
désinfectants » (5 h 30 chacun - nous les regroupons car le
contenu des 3 modules est identique) :
-
Thème « prévention des risques pour la santé
» :
o
Risques liés à l’utilisation des produits
rodenticides, insecticides et désinfectants ;
o
Présentation des principales substances
actives ;
o
Dangerosité des produits : voies de
pénétration, intoxication aiguë et intoxication chronique, devenir des produits
dans l’organisme (stockage ou élimination) ;
o
Situations d’exposition aux dangers : situations
d’exposition : avant, pendant et après l’application, contact direct et
indirect, facteurs favorisant et aggravant la pénétration, catégories de
populations sensibles ;
o
Mesures à prendre pour réduire les risques pour
les êtres humains ;
o
Estimation des risques pour la santé des
applicateurs et des usagers ;
o
Principales mesures de prévention ;
o
Principales mesures de protection : port des
EPI...
o
Principes d’utilisation dans les espaces
impliquant des usagers ;
o
Principales consignes et réglementation ;
o
Conduite à tenir en cas d’intoxication aiguë ou
d’accident ;
o
Principaux symptômes d’empoisonnement ;
o
Conduite à tenir en cas d’accident ;
o
Mesures d’alerte des premiers secours : numéros
d’urgence, déclaration des accidents.
-
Thème « prévention des risques pour
l’environnement » :
o
Risques pour l’environnement et principales
voies de contamination ;
o
Dangerosité pour l’environnement : impacts sur
l’environnement, sur les organismes non-cibles et la biodiversité, connaissance
des dangers des produits ;
o
Situations d’exposition aux dangers : types de
pollution : diffuse ou ponctuelle, devenir des produits biocides dans
l’environnement après le traitement, situations de contamination avant, pendant
et après le traitement, facteurs favorisant et aggravant les contaminations,
risques au niveau de la zone à traiter lors d’une intervention ;
o
Prévention des risques : zonage (zones
protégées...), stratégies retenues selon les espaces, leur nature, leur usage,
pratiques et aménagements visant à limiter la dispersion des produits biocides
dans l’environnement lors de leur utilisation, traçabilité tout au long du
processus.
-
Thème « stratégies visant à limiter le
recours aux produits rodenticides, insecticides et désinfectants » :
o
Techniques alternatives à l’utilisation des produits
biocides ;
o
Méthodes et produits alternatifs ;
o
Techniques de lutte intégrée (lutte biologique
directe et indirecte, méthodes physiques, etc.) ;
o
Évaluation comparative de l’utilisation des
produits ;
o
Évaluation de la nécessité d’intervenir :
identification des organismes cibles et évaluation des risques ;
o
Raisonnement des interventions ;
o
Choix des produits par rapport à leur
efficacité, à la toxicité, à leurs facteurs intrinsèques (dose de matière
active, mobilité, dégradation plus ou moins rapide, solubilité, etc.) ;
o
Adaptation des doses et des modes d’application
en fonction de l’état et de la distribution spatiale des organismes
cibles ;
o
Évaluation comparative de l’utilisation des
produits biocides et techniques alternatives.
Chapitre « gestions
des déchets » (1 h 30) :
- Gestion des déchets dans l’entreprise et sur site d’intervention ;
- Gestion des effluents ;
- Gestion des déchets organiques.
Autoévaluation (0 h
30)
Autant dire tout haut ce que beaucoup pensent tout
bas : il s’agit d’un bourrage de crâne pénible et peu pertinent sur le
plan professionnel…
PROPOSITION pour une
réforme ou une adaptation du programme de CERTIBIOCIDE
Notre programme
repose sur une approche logique de l’application des produits biocides :
-
Ils sont conçus pour tuer des organismes vivants
jugés nuisibles dans un contexte donné ;
-
Pour préserver la santé des personnes et
l’environnement dans ce contexte donné, il convient de connaître l’action de
ces produits biocides sur les organismes vivants cibles et non cibles et
l’environnement au sens large ;
-
Pour en appliquer le moins et le mieux possible,
il convient de connaître la biologie et l’éthologie (le comportement) des
organismes vivants cibles ;
-
Pour être en conformité avec la règlementation,
il faut connaître celle qui concerne les applicateurs.
Nous pensons que la durée de 3 jours peut être conservée vu
l’étendue et la profondeur des matières que nous proposons.
Nous considérons que l’hygiène et la sécurité des personnes
et de l’environnement font partie intégrante des techniques d’application et
qu’elles doivent être abordées en même temps que les techniques
d’application. À l’exemple d’un cuisinier professionnel, qui veille
constamment, au cours de son travail, aussi bien à l’hygiène des aliments et
des surfaces où ils sont manipulés et cuisinés, qu’à la sienne, tout en
veillant à sa sécurité et celle de ses collègues en cuisine.
-
Jour
1 : Règlementation (1,5h) et désinfection (5,5h)
Règlementations
applicables au public de stagiaires
Objectif :
permettre aux stagiaires de connaître et respecter la règlementation qui
les concerne.
o
Introduction au certificat individuel pour
l’activité « utilisateur professionnel et distribution de certains types de
produits biocides destinés exclusivement aux professionnels ».
o
Définition des produits biocides, cadre réglementaire
français et européen, produits autorisés et produits illégaux, autorisation de
mise sur le marché, utilisation des produits, réglementation du transport et du
stockage.
o
L’importance de la lecture et de la bonne
compréhension des étiquettes de produits, des fiches techniques et FDS.
Désinfection
Objectif : permettre aux stagiaires
de connaître la biologie des microorganismes et leurs modes de transmission et
de prolifération, de connaître les différentes familles de désinfectants et
leurs modes d’action, de connaître et mettre en œuvre des opérations de
désinfection courantes en hygiène publique, dans une logique de développement
durable (le moins possible de biocides, appliqués seulement là où c’est
nécessaire).
-
Biologie des micro-organismes (bactéries,
moisissures, levures, micromycètes, virus) : milieux favorables et
défavorables, mitose, modes de transmission…
-
Définitions AFNOR (désinfection,
décontamination, aseptisation, stérilisation) ;
-
Les désinfectants : normes NFT 72, familles
de désinfectants, modes d’action, compréhension des étiquettes, FT et FDS ;
-
Principes de désinfection ;
-
Techniques génériques de désinfection (surfaces
et volumes) ;
- Désinfection de vide-ordures et containers à
déchets ;
-
Désinfection de bacs à sable ;
-
Désinfection post mortem ;
-
Prévenir les phénomènes de résistance des
bactéries ;
-
Hygiène et sécurité des personnes, des biens et
de l’environnement (dangerosité des produits, EPI, mesures de prévention et
protection, dispositions en cas d’intoxication, premiers secours et n°
d’urgence) ;
-
Gestion des déchets et effluents.
-
Jour
2 : Lutte raisonnée contre les
rongeurs nuisibles urbains (7h)
Objectif :
permettre aux stagiaires de connaître la biologie et l’éthologie des
rongeurs commensaux, de connaître et mettre en œuvre des stratégies de
prévention et préservation de leurs méfaits, de connaître et appliquer des
rodenticides anticoagulants dans une logique de développement durable (le moins
possible de biocides, appliqués seulement là où c’est nécessaire).
-
Identification des rongeurs nuisibles urbains :
surmulot, rat noir, souris, lérot…
-
Les rongeurs commensaux dans l’histoire ;
-
Les murinés : biologie, éthologie : biotopes,
terriers et nids, territoires et déplacements, alimentation, hiérarchie
sociale, adaptations aux situations, légendes et conceptions anthropomorphiques
fausses…
-
Méthodes de prévention : diminuer les
ressources trophiques, ratproofing, usages des infra et ultrasons, favoriser la
prédation…
-
Techniques de piégeages : nasses, pinces et
tapettes, glu, pièges à électrocution, noyade et écrasement / intérêts et
imites, mises en œuvre possibles ;
-
Les produits rodenticides : familles et
modes d’action, intérêts et limites, applications sécurisées ;
-
Application raisonnée d’anticoagulants :
-
Abandonner la dératisation permanente ;
- Pratiquer la détection sans biocides, impliquer
le client ;
-
Établir un diagnostic, déterminer et conduire un
traitement curatif :
·
Évaluer un taux d’infestation, identifier les
ressources trophiques ;
·
Déterminer la quantité d’appâts nécessaires ;
·
Prendre en compte la concurrence
alimentaire ;
·
Placements judicieux et sécurisés des
dispositifs d’appâtage ;
·
Prévenir les phénomènes de résistance ;
·
Planifier la conduite du traitement
curatif ;
-
Hygiène et sécurité des personnes, des biens et
de l’environnement : dangerosité des produits, statistiques des accidents
recensés et analyses de leurs causes, EPI, mesures de prévention et protection,
dispositions en cas d’intoxication, premiers secours et n° d’urgence ;
-
Stratégies de lutte contre les rongeurs
résistants aux anticoagulants ;
-
Gestion des déchets et cadavres.
-
Jour
3 : Lutte raisonnée contre les
arthropodes nuisibles urbains (7h)
Objectif :
permettre aux stagiaires de connaître la biologie et l’éthologie des
arthropodes commensaux, de mettre en œuvre des stratégies de prévention et
préservation de leurs méfaits, de connaître et mettre en œuvre différentes
techniques de préservation et de lutte sans biocides, de connaître les différentes
familles d’insecticides et de savoir les appliquer dans une logique de
développement durable (le moins possible de biocides, appliqués seulement là où
c’est nécessaire).
-
Identification et biologie des arthropodes
nuisibles urbains (acariens, blattes, puces, punaises des lits, fourmis,
mouches, moustiques, guêpes et frelons, insectes xylophages, insectes des
denrées alimentaires, araignées et autres prédateurs…) ;
-
Méthodes de prévention : propreté
pragmatique, étanchéification, moustiquaires, plantes et produits naturels
ayant un effet répulsif sur certaines espèces ;
-
Dispositifs de lutte sans biocides - du bon
usage des :
§
DEIV (insectes attirés par les UV, emplacements,
plages de fonctionnement, …) ;
§
Pièges à glu ;
§
Pièges à phéromones ;
§
Caissons à anoxie ;
§
Générateurs de vapeur et appareils
cryogéniques ;
-
Les insecticides : familles et modes
d’action, intérêts et limites ;
-
Matériels d’application : seringues de gel,
pulvérisateurs à pression préalable, brumisateurs, thermonébulisateurs, sprays
et cartouches « one shot »…
-
Techniques générales d’applications raisonnée et
sécurisées pour les arthropodes qui marchent et les insectes volants
(pulvérisations et application de gel), avec démonstrations en salle de
formation (utilisation d’eau dans un pulvérisateur) ;
-
Planification d’un traitement curatif. Prise en
compte du cycle de reproduction des arthropodes cibles en fonction des
circonstances (température et hygrométrie) ;
-
Techniques de traitements raisonnés contre
les :
-
Acariens ;
-
Mouches ;
-
Moustiques ;
-
Guêpes et frelons ;
-
Puces ;
-
Punaises des lits ;
-
Blattes ;
-
Hygiène et sécurité des personnes, des biens et
de l’environnement (dangerosité des produits, EPI, mesures de prévention et
protection, dispositions en cas d’intoxication, premiers secours et n°
d’urgence) ;
-
Prévenir les phénomènes de résistance,
stratégies de lutte contre les arthropodes résistants aux insecticides ;
-
Gestion des déchets.
La documentation remise aux stagiaires sera
constituée :
-
- Du cahier de prise de notes comprenant l’aperçu
des +ou- 160 slides powerPoint ;
-
- D’un exemplaire du livre « Grand guide de lutte raisonnée contre les
nuisibles urbains » (631 pages - Éditions Lexitis - parution 2014).
Il nous semble qu’avec un tel programme, incluant des
démonstrations pratiques, on pourrait parler de qualification et pas seulement
de certification.
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