(Article initialement publié en 2014)
Rappelons :
1/ Que la
législation impose à tous les applicateurs des entreprises de 3D (Dératisation,
Désinsectisation, Désinfection) de passer CERTIBIOCIDE avant juillet
2015 ;
2/ Que
CERTIBIOCIDE peut s’obtenir après une journée de formation pour ceux qui sont
titulaires de CERTIPHYTO, ou en 3 jours en passant d’abord un CERTIPHYTO en 2
jours ;
3/ Que CERTIPHYTO
concerne l’agriculture et le secteur des espaces verts ;
4/ Que depuis
plus de vingt ans, il n’est enregistré aucune victime humaine par
empoisonnement accidentel avec des produits biocides appliqués en hygiène
publique (en ville et sa banlieue) ;
5/ Qu’une partie
du milieu professionnel s’interroge à juste titre de l’intérêt et la pertinence
de cette certification qui, selon simmbad.fr (site officiel du Ministère EDD),
n’est aucunement une qualification professionnelle…
Un de nos clients qui s’est astreint aux trois jours de
formation dans un des centres agréés par le Ministère nous a confié la
documentation remise aux stagiaires pour la 3ème journée. Sa
consultation nous a abasourdi !
246 slides (ou diapos) PowerPoint, oui j’ai bien écrit 246
slides pour la journée de formation… Soit plus de 35 slides à l’heure, donc 1,7
minute par slide. Bien sûr, il n’y a pas de règles en la matière, mais
lorsqu’il s’agit de formation professionnelle, il convient d’être synthétique
et pas « cumulatif ». Or, en l’espèce, ou la journée est menée
tambour battant de 9h à 17h, ou le formateur zappe des séries entières de
slides lors de son intervention (ce qui a été le cas). Quel est donc l’intérêt
d’en avoir conçu autant et d’en surcharger le dossier destiné à prendre des
notes ? N’importe quel enseignant confirmé vous dira que pour une
assimilation efficace des informations, les stagiaires occasionnellement
distraits doivent aisément retrouver le fil de la formation en se repérant dans
le carnet de notes où figurent les slides. Notre client nous a ainsi avoué que
lui et d’autres ont rapidement « décrochés » car ils étaient infichus
de s’y retrouver dans la documentation…
Que trouve-t-on comme contenu pédagogique dans ces
slides ?
-
27 concernent le campagnol des champs et la
taupe : ces thèmes sont totalement hors-sujet de la certification
Biocides. Quitte à en parler, 2 ou 3 slides suffiraient largement.
-
186 traitent des moyens de lutte non chimiques
pour les arthropodes et rongeurs : glu, pièges, ultra et infrasons, lutte
biologique, destructeurs électriques à rayons ultra-violets, etc.
1/ Les
problématiques rongeurs et arthropodes ne sont pas séparées et traitées
ensemble, ce qui ne peut qu’être sources de confusions. Il tombe en effet
sous le sens que le traitement des blattes est bien différent de celui des
souris.
2/ Il y a bien
évidemment des longueurs inutiles (pièges à phéromones, UV et vision des
insectes), mais par contre d’autres sujets sont survolés, qui mériteraient
d’être développés (notions de piste obligée et non obligée pour les rongeurs).
3/ Il y a des
informations fausses sur les normes agroalimentaires et d’autres très
discutables sur les appâts « naturels » « préférés » par
les rongeurs.
-
32 slides abordent le « rat proofing »
et la lutte intégrée : le contenu est cohérent mais pourrait tenir en une
dizaine de slides.
Et, surtout, que ne trouve-t-on pas dans le
contenu de cette certification Biocides ? L’essentiel.
Oui, l’essentiel : c'est-à-dire les
techniques d’application raisonnées des rodenticides et insecticides. C’est
incroyable, mais vrai !
Apprendre à se passer des biocides est une
chose, mais l’esprit même de CERTIPHYTO et CERTIBIOCIDE est bien d’en appliquer
le moins possible et avec précautions, or ce sujet n’est même pas
effleuré !
Il existe pourtant des manières de
dératiser avec des anticoagulants ou de désinsectiser avec des pulvérisations
d’insecticides en utilisant 4 à 10 moins de produits toxiques, oui, nous avons
bien écrit 4 à 10 fois moins. Nos clients peuvent en témoigner et l’un d’eux
l’a déjà fait sur ce blog.
Mais comment appliquer juste ce qu’il faut
de biocides sans connaître d’abord la biologie et l’éthologie (le
comportement) des rongeurs et arthropodes cibles ?
Bref, comme nous l’avons déjà écrit,
CERTIBIOCIDE est une certification inutilement lourde et inadaptée aux besoins
réels des professionnels qui appliquent des biocides.
D’où notre prochain article : pour une
réforme de CERTIBIOCIDE.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire