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dimanche 10 janvier 2016

Réponse à M. Bertrand Montmoreau, président d’honneur de la CS3D et représentant le collège formateur de la CS3D suite à sa lettre ouverte dans NPI n° 84

(Article publié initialement en 2014)

 

Merci beaucoup, Monsieur Montmoreau, pour la « Lettre ouverte » qui m’est destinée en page 4 du dernier « Nuisibles et Parasites Informations » (n°84 de mars-avril 2014) : je n’aurais jamais pensé à une telle publicité !
Philippe Dommanget, le journaliste de NPI, avait pourtant prévenu en introduction de l’article : « Ames sensibles s’abstenir ! ». Il semble donc que certains de mes confrères du collège formateur de la CS3D aient vraiment l’âme sensible… C’est de mon point de vue, gênant dans le métier de formateur.
Vous écrivez : « Nous ne pouvons vous laisser critiquer aussi ouvertement, et sans éléments concrets (suit la liste des victimes».

J’en déduis donc que la critique n’est pas souhaitable dans le monde professionnel des 3D, et que l’on ne considère pas comme « éléments concrets » mon témoignage sur les retours de quelques-uns de mes stagiaires qui ont récemment suivi des formations en dératisation-désinsectisation, Certiphyto, ou Certiphyto + Certibiocide chez des OF (Organismes de Formation) du collège formateur de la CS3D. Je ne vois pas en quoi ma parole peut être mise en doute. Il n’y a rien d’anormal ou de choquant à ce qu’une minorité de leurs stagiaires n’aient pas été satisfaits et me l’aient fait savoir. Sachez par ailleurs que j’ai suivi à mes frais une formation en dératisation dispensée par un membre du collège formateur de la CS3D et que ce que j’y ai entendu confirme tout ce que j’ai dit lors de l’interview de NPI et écrit dans mon premier livre. Réalisez-vous qu’en défendant ces OF qui ont « formé depuis de longues années des générations d’applicateurs » vous approuvez des techniques d’application qui ont généré des souches de rongeurs et d’insectes résistants aux biocides ?

A ce sujet, permettez-moi de vous faire par de mon étonnement de l’absence de réactions sur une de mes phrases dans le n° spécial de NPI : « Ceux qui acceptent de désapprendre pour travailler en raisonné gagnent en efficacité, donc en temps, et consomment jusqu’à quatre fois moins d’insecticide et rodenticides ». Elle invalide votre saillie sur mon « irresponsabilité qui fait le jeu de tous ceux qui réclament des restrictions d’usage encore plus fortes, voire l’interdiction pur et simple des anticoagulants ». Si vous assistiez à l’une de mes formations vous seriez surpris de m’entendre les défendre, car bien appliqués ils sont infiniment plus efficaces que les techniques alternatives de piégeage, par exemple.

Votre plaidoyer bien ronronnant sur la pertinence de la certification obligatoire et la neutralité des formations dispensées par les formulateurs/ distributeurs ne convainc que les victimes que j’ai « ouvertement critiquées ». Chez plusieurs OF du collège, le plus gros des documents remis aux stagiaires est le catalogue du formulateur/ distributeur dont le logo est affiché dans chacun des « slides » PowerPoint du support de formation…
Par ailleurs, pouvez-vous citer, M. Montmoreau, le nombre de victimes accidentelles des biocides appliqués en hygiène publique, recensées ces vingt dernières années ? Quand bien même il y en aurait une ou deux que l’Internet est infichu de dénicher, cela justifie-t-il d’imposer trois jours de formation sur les dangers et risques des biocides dosés à 0,005 % dans les appâts et 1% dans certaines formulations ? Et vous osez parler d’un « minimum vital » avec les trois jours de formation obligatoires ? Vital pour les finances des OF du collège, sans aucun doute…

M. Montmoreau, je suis partisan d’une certification pertinente pour les professionnels (lisez donc mon premier livre pour le vérifier) et je déplore que le dispositif obligatoire actuellement en vigueur en soit tout le contraire. Il s’agit d’une formation de pharmacien, alors que la profession a besoin de praticiens qui établissent un diagnostic puis prescrivent et conduisent un traitement curatif. Deux jours de formations axés sur les problématiques agricoles et jardins sont inadaptés aux besoins des PCO. Quant à la troisième journée axée sur les « dangers et risques des biocides pour les personnes et l’environnement » et les « techniques alternatives », elle ne laisse aucune place à la biologie et l’éthologie des rongeurs et arthropodes « nuisibles ». Autrement dit, elle ne donne aucun « élément concret » sur l’utilisation de ces techniques alternatives. En outre, je n’ai rien vu, dans les documentations remises aux stagiaires de Certiphyto-Certibiocide, comme éléments sur l’application raisonnée des insecticides et anticoagulants. Et vous parliez « d’expertise produit » pour dispenser des formations ?
Mais il vrai que simmbad.fr nous dit que « le certificat porte sur des connaissances et non sur des compétences professionnelles. Il exclut donc l’évaluation des savoir-faire et ne confère pas une qualification professionnelle. »
En fait, vos propos, M. Montmoreau, confirment les miens. Soyez-en remercié une nouvelle fois.

Je reviens de dispenser une formation de deux jours en « lutte raisonnée contre les nuisibles urbains » aux formateurs d’un CFPPA qui envisage de se positionner pour Certibiocide. A l’issue du stage, tous pensent qu’en l’état, Certibiocide est inadapté aux besoins des PCO, même s’il est marqué des progrès par rapport au feu DAPA (c’est le seul point où nous rejoignons, M. Montmoreau). Ils sont d’accord avec ma proposition de modifier les durées du contenu pour l’adapter aux problématiques de l’hygiène publique, car le législateur indique bien dans l’arrêté du 9 octobre 2013 que « les durées par chapitre sont indicatives » et ouvre donc la porte à une adaptation aux besoins telle qu’exprimée dans le « Protocole de mise en œuvre » du Simmbad : « l’organisme de formation s’assure de l’éligibilité du demandeur (certificat/attestation de formation Certiphyto éventuellement possédé), s’informe sur l’expérience professionnelle, les formations suivies, s’informe sur les spécificités de l’activité professionnelle des stagiaires et les problématiques environnementales de la zone géographique où ils exercent leurs fonctions. (…) Les organismes de formation s’attachent, dans toute la mesure du possible, à constituer des groupes de stagiaires exerçant dans le même secteur d’activité : utilisation de biocides ou vente de biocides. »

Nous proposerions donc une formation Certibiocide de trois jours ainsi répartie :
-          Jour 1 : règlementations, dangers et risques pour les personnes et l’environnement présentés par les biocides appliqués en hygiène publique. Désinfection (biologie des micro-organismes, les désinfectants, les normes NFT 72, principes de désinfection, techniques de désinfection des vide-ordures, containers à déchets, bacs à sable, post mortem…) ;

-          Jour 2 : lutte raisonnée contre les rongeurs nuisibles urbains (biologie, éthologie, méthodes de prévention - ratproofing -, techniques de lutte sans biocides - ultrasons, piégeages -, application raisonnée d’anticoagulants) ;

-          Jour 3 : lutte raisonnée contre les arthropodes nuisibles urbains (biologie des arthropodes cibles courants ; prévention, piégeages, lutte chimique raisonnée contre les blattes, puces, punaises des lits, fourmis, mouches, moustiques, frelons).

Et dans la documentation remise aux stagiaires, il n’y aura pas le catalogue d’un formulateur/ distributeur.
Je ne vois pas en quoi cette proposition serait « choquante et ne servirait ni l’image de la profession ni la mienne ». Au plaisir, Monsieur le Président d’honneur de la CS3d et du collège formateur de la même CS3D de lire votre prochain « droit de réponse ».

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