(Article publié initialement en 2009)
Le
ragondin (Myocastor coypus) est un rongeur invasif de grande taille qui depuis
les années trente colonise progressivement tout le sud de la France. Il est
d'ailleurs maintenant bien présent dans les Pyrénées orientales.
Son histoire est à la fois simple et un peu
sordide. Originaire d'Amérique du sud, le myocastor fut
importé et élevé pour produire de la fourrure, dés la fin du XIXème siècle.
Lorsque ce commerce passa de mode, beaucoup
d'animaux furent relâchés, tandis que d'autres s'étaient déjà évadés. Et
depuis, le ragondin prolifère, inexorablement...
En effet, ses prédateurs naturels, le puma et le
caïman, ne furent pas importés en même temps que lui, et seuls quelques rapaces
ou renards font-ils parfois un repas d'un ragondin juvénile.
Ses dégâts sur les berges de rivière et canaux
sont très importants, car c'est un rongeur caviomorphe qui creuse des galeries
profondes de plusieurs mètres; du coup ses ravages sur les cultures paraissent
presque anecdotiques.
La lutte contre le ragondin est organisée à grand,
à coups de décrets et arrêtés préfectoraux, et souvent gérée par les FREDON
(Fédération Régionale de Défense contre les Organismes Nuisibles).
Le piégeage, suivi d'un abattage au fusil est une
pratique aussi courante que l'empoisonnement aux anticoagulants.
Google vous ramènera quantités d'informations et
photos/vidéo sur le ragondin et les différents moyens de lutte utilisés pour
l'éliminer, aussi ne m'étendrais-je pas davantage sur cet aspect du sujet.
Mon propos est de considérer les choses le plus
simplement possible afin d'en tirer une conclusion pratique.
1/ Le ragondin est une espèce invasive (qui prend
la place d'espèces indigènes), donc réellement nuisible. Les écolos, verts et
bio (qui ont toute ma sympathie) ne peuvent donc rien opposer à l'idée de gérer
plus efficacement sa population, voire l'éradiquer.
2/ Le ragondin est essentiellement herbivore et
comestible. Sa viande est très appréciée en Amérique du sud. D'ailleurs
quelques producteurs français proposent des pâtés et plats cuisinés à base de
ragondin, d'autres des fourrures... On dit que la viande de ragondin est
meilleure que celle du lapin...
3/ Le seul prédateur européen
« efficace » du ragondin est l'homme, qui peut donc se nourrir et se
vêtir grâce à lui.
Mais qu'attendons-nous pour mettre en place une
véritable filière économique « ragondin »?
Si le ragondin était chassé avec autant de
constance que le sanglier ou le chevreuil, nul doute que les tableaux de chasse
opulents seraient légion le dimanche. En outre cette chasse serait ouverte
toute l'année!
On trouverait là une source d'approvisionnement
abondante pour une industrie de la fourrure qui ne s'attirerait pas les foudres
de défenseurs de la nature!
Quel sont les principaux freins à l'émergence de
cette filière économique? Ils sont culturels.
Si le ragondin avait été présent depuis toujours,
des seigneurs se seraient arrogé le droit féodal de le chasser eux-seuls et les
braconniers l'aurait chassé en cachette, tandis que les recettes feraient
flores dans les livres de cuisine.
Oui, mais voilà, la tradition de la chasse ignore
le ragondin, et l'industrie de la fourrure paie ses errances passées.
Or, que ne peut-on pas faire avec
l'hypermédiatisation de notre siècle! Imaginons quelques spots de pub, des
émissions ventant le goût de la viande du ragondin, des reportages chez des
restaurateurs prestigieux qui le mettent à leur menu, des articles
déculpabilisant sur le port de sa fourrure, quelques vidéos youtubiennes dans
le « même sens »...
Quand je vois les importants moyens mis en œuvre
pour « organiser » une lutte vraiment peu efficace contre le ragondin
(ce n'est faire injure à personne que de le dire), sans parler des lourds
travaux de réparation et consolidation qu'il occasionne, je me dis qu'on
pourrait peut-être essayer une voie alternative : La valorisation économique
ragondin.
Et en plus on pourrait en avoir deux pour le prix
d'un, car le rat musqué, c'est le même problème !
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