Les rats récompensent-ils leurs congénères pour leur générosité ?
C’est le sujet, et la conclusion, d’une étude menée par Vassilissa
Dolivo et Michael Taborsky, de l’Université de Berne, en ligne ici : http://rsbl.royalsocietypublishing.org/content/11/2/20140959.
Le postulat qui cadre l’étude : « Un facteur qui influence la motivation de l'Homo sapiens pour la réciprocité
dépend de la valeur estimée de l'aide reçue. Mais jusqu'à présent, il a été
difficile de déterminer si d'autres espèces fondent aussi leur décision de
coopérer sur l’appréciation de la qualité de l'aide reçue ».
Et nos chercheurs de préparer une colonie de rats de laboratoire
à cet effet (les mêmes qui sont incriminés pour discréditer l’expérience du Dr
Séralini sur la consommation d’OGM).
Les résultats semblent concluants, puisque les chercheurs
précisent que leurs « données
montrent que la propension d'un rat à restituer une aide semblable à celle
reçue dépend, en effet, de la l’appréciation de l'aide précédente du partenaire.
(…) Les rats apparemment estiment le
bénéfice obtenu pour ajuster leur niveau d'aide en retour. (…) Ils aident
préférentiellement les coopérateurs plutôt que les autres (non coopérateurs).
Notons la prudence de MM. Dolivo et Taborsky dans la
formulation leurs conclusions : il leur « semble »,
« apparemment »…
Bien leur en prend !
Un coup d’œil sur les prestations de Gunter Sacckman Jr : https://www.youtube.com/watch?v=89w2iO5id2c
montre que les capacités d’apprentissage des rats sont considérables.
Par ailleurs, une lecture du livre de Vinciane Despret
(« Penser comme un rat »,
éditions Quae) éclaire d’une lumière très vive la vacuité des expériences de
comportement sur les rats de laboratoire. Citations : « Seuls des expérimentateurs absolument
neutres ou indifférents peuvent garantir des rats tout aussi neutres et
indifférents à la manière dont ils sont traités. Ce qui, vous en conviendrez,
se base sur un présupposé aussi absurde que simpliste – que les rats sont
indifférents à l’indifférence. » « Les rats répondent à une autre question que celle qui leur est posée ».
Cette expérience nous en apprend en effet davantage sur
l’équipe de chercheurs et ses motivations que sur les rats : Cela fait des
décennies que l’on sait que les rats de laboratoires font ce qui est attendu
d’eux…
Quand-est-ce qu’un chercheur se résoudra à lâcher une colonie
de rats de laboratoire sur un trottoir afin d’évaluer leurs capacités à
s’adapter à la vie sauvage, donc à évaluer leur potentiel de
« vrais » rats ? Nous parions qu’ils ne survivraient que
quelques heures, pour les plus forts d’entre eux…
Bref, encore une expérience creuse et non signifiante qui
fait un petit buzz. Ah ! Que le Web est merveilleux : On y trouve
tout et son contraire, ce qui, en l’espèce, n’arrange pas le niveau d’inculture
de notre société sur la gent murine.
Au moins, avec ce genre d’expérience, il n’y a pas matière à
modifier le chapitre sur les rats de laboratoire dans notre premier livre
(disponible ici).
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