(Article publié initialement en 2014)
L’article
publié ici http://www.nature.com/neuro/journal/vaop/ncurrent/full/nn.3740.html fait un buzz planétaire. On ne
compte plus les reprises, analyses et commentaires sur le Web, y compris par
les sites « sérieux ».
Toutes ces
lectures sont affligeantes… L’anthropomorphisme qui a présidé à l’expérience et
ses conclusions n’est dénoncé par personne, et une bonne publicité est donnée à
ce laboratoire et ses chercheurs, ce qui est manifestement l’objectif
recherché.
L'anthropomorphisme
consiste à prêter des sentiments et comportements humains aux animaux. Par
exemple, Mickey est un exemple connu d'anthropomorphisme.
Résumons
l’expérience :
Les rats de
laboratoires (les mêmes qui sont incriminés pour contester la validité de
l’expérience du Dr Séralini) sont placés une heure dans un couloir circulaire
où s’ouvrent différents tunnels, dans chacun desquels se trouve un type de
nourriture différent.
A chaque
entrée de tunnel un signal sonore annonce le délai d’attente pour accéder à la
nourriture : plus le son est aigu, plus ce délai est long.
Certains
rats passent leur chemin devant les tunnels d’où vient un son aigu puis,
constatant que des tunnels suivants provient un son encore plus aigu (donc une
attente plus longue), ils regardent alors en arrière. Avant d’aller manger la
nourriture du tunnel où ils se trouvent, dés qu’elle arrive.
Durant
l’expérience, l’activité neuronale des rats est enregistrée par des électrodes
implantées dans deux aires cérébrales impliquées, chez les humains, dans
l’évaluation des récompenses potentielles lors d’une prise de décision.
L’analyse des données révèle que lorsque les rats regardent en arrière, ils se
« représentent » l’occasion manquée. Enfin, c’est ce que prétendent
les « chercheurs ».
Selon eux,
la faculté d’éprouver des regrets pourrait être assez répandue parmi les
mammifères et constituerait un avantage adaptatif, en permettant d’optimiser la
prise de décision par la réévaluation de comportements passés.
De l’art de
faire prendre des vessies pour des lanternes… Tous les mammifères capables
d’être apprivoisés ont des capacités cognitives, c'est-à-dire qu’ils développent
des processus mentaux d’apprentissage par l’expérience, caractérisés par des
formes de raisonnement et la prise de décisions (dans le genre « le feu ça
brûle » et « manger trop loin du terrier est fatiguant et
dangereux »).
La notion de
« regret » est typiquement humaine. Nous pouvons certes regretter des
actions, mais nous pouvons aussi regretter d’avoir pensé ou dit certaines
choses, choses que les rats sont incapables de faire.
Tous nos
chiens et chats fonctionnent comme les rats : ils apprennent de leurs
expériences malheureuses, mais qualifier celles-ci de « regrets » est
abusif et trahit une vision anthropomorphique de l’expérience, qui d’ailleurs
ne correspond à rien de ce que pourraient rencontrer des rats sauvages dans la
nature. Mais cela permet à des « chercheurs » de se faire un peu de
publicité à pas cher.
Ce nouveau
buzz sur une expérience biaisée avec des rats de laboratoire (qui seraient
infichus de survivre une heure sur un trottoir) démontre une nouvelle fois le
manque de culture de notre civilisation sur les rats (les rats sauvages n’ont
vraiment pas grand-chose à voir avec leurs cousins de laboratoire…).
Ces deux
sujets sont abordés en détail dans notre premier livre, toujours disponible ici.
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