L’association Zoopolis a donc consacré 10.000 € pour la
campagne de cet affichage dans le métro parisien. L’affiche a été retoquée par
la RATP, puisque la première mouture évoquait le « massacre des rats de
Paris ».
Encore une fois, un buzz dû à des gens qui ne connaissent
pas grand-chose aux rats et aux poisons anticoagulants (voir un précédent article
de ce blog sur ce sujet).
Le rat de cette affiche est certes un surmulot (Rattus norvegicus), mais c’est un animal
domestiqué dont le comportement n’a plus rien à voir avec ses cousins sauvages.
D’ailleurs, lâché sur un trottoir parisien au coucher du soleil, son espérance
de vie serait de 2 heures : le temps d’être tué par les rats d’égout qui
occupent le coin. Ce sont justement ces rats d’égout qui font l’objet du
« massacre » en question, et qui n’ont rien à voir avec leur très
lointain cousin de l’affiche.
Cette affiche est donc de la désinformation et relève de la
manipulation des foules.
Vu les difficultés de la Ville de Paris à réguler les
populations de rats depuis plusieurs années, personne ne peut objectivement
parler d’un massacre de rats.
Si c’était le cas il serait trouvé des centaines de rats
morts chaque semaine. Or, que voit-on ? Les médias, lorsqu’ils traitent le
sujet, montrent un ou deux rats morts tués par des dératiseurs, ou tenu par M.
Boulard, le maire du 17ème. Ce ne sont pas des images de
massacre !
Pourtant, les professionnels ont tout intérêt à montrer de
nombreux rats tués, puisque cela prouverait leur compétence. En voici des
exemples :
Un chasseur de rats du Havre, en 1928, quand les poisons anticoagulants
n’existaient pas.
Une publicité démontrant l’efficacité des pièges Mimétic Mhouse
Or, la Ville de Paris n’a jamais fait état du nombre de rats
tués, alors même qu’il est facile de les décompter avec les pièges Mimétic,
comme avec les Ekomile ou les Wisecon (marques achetées par le SMASH). Pourquoi ?
Sans doute qu’ils n’étaient guère flatteurs…
D’où une communication basée sur la somme supplémentaire allouée
à la dératisation (1,5 m€) et le nombre d’interventions en hausse.
Il n’y a donc jamais eu de massacre de rats à Paris. Si c’était
le cas, les dératisations des parcs seraient finies depuis longtemps.
De toute façon, les
rats ne prolifèrent pas : ils régulent leur population en fonction de
la nourriture disponible et des opportunités de creusement de terriers, tout
près de cette nourriture (25/30m maxi). S’il y a beaucoup à manger mais pas de
quoi creuser des terriers, il y a peu de rats.
Même dans les espaces verts et parcs, où les poubelles
Vigipirate jouent un rôle attractif par leur conception (plastique fin, qui absorbe
les odeurs) et leurs emplacements (exposés au vent et courants d’air, qui les disséminent),
les opportunités de creusement de terriers ne sont pas illimitées.
En effet, La hiérarchisation sociale des rats (rapports de dominants/
dominés) régit l’emplacement des terriers et l’ordre d’accès à la nourriture. D’où
des stratégies naturelles de régulation des naissances (voir mes livres pour en
savoir plus sur ce sujet).
L’association Zoopolis se fend quand-même d’une tirade
démontrant que la communication de la Ville de Paris fait des dégâts avec les
contrevérités de son vétérinaire conseil : « Avant les rats étaient dans les souterrains, maintenant ils sont à la
surface. Notamment à cause des vibrations des nombreux travaux du Grand Paris »
C’est vrai mais il y a une
idée fausse : dans les souterrains et égouts, il n’y a rien ou trop
peu à manger. Ce sont des lieux de refuge mais pas de restauration. Depuis
qu’il y a des égouts en ville, les rats en sortent pour manger ce qu’il y a sur
les trottoirs. Le discours de maintenir les rats dans les égouts provient de personnes
qui ne sont jamais entrées dans un égout pour voir comment y vivent les rats.
Sur le plan sanitaire,
il y a peu à craindre des rats, c’est vrai, tant qu’ils ne sont pas trop
nombreux.
Mais si on ne régule pas leurs population et que s’installe
une promiscuité entre les rats et les hommes, il y aura des maladies comme l’hépatite
E (un cas mortel récent à Hong Kong).
Et il ne faut pas oublier :
- -
Les dégâts qu’ils commettent sur les installations
électriques (incendies, des accidents de train - Denguin à côté de Pau en 2014) ;
- -
Les dégradations de chaussées et de trottoirs.
Bien sûr que les rats ne sont pas nos ennemis, mais ils ne
sont surtout pas nos amis ! C’est pour ça qu’il ne faut pas les laisser faire
et contenir leur population en dessous d’un seuil de nuisance : moins d’un
rat ou 1 rat par habitant, ça va, au-delà, il y a des nuisances pas seulement
visuelles.
Disons que l’idée de la pétition contre le massacre des rats
de Paris ayant déjà été prise (bonjour Josette), Zoopolis a choisi la campagne
d’affichage dans le métro. De l’art de dépenser inutilement 10.000 €.
Mais cela a donné du travail à un imprimeur, un livreur et
des colleurs d’affiches. Merci pour eux, Zoopolis.
Les rats, eux, s’en contrefichent.
Pierre Falgayrac
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