Le trimestriel de publireportages NPI, dans son numéro 107 d’octobre
– novembre 2018, contient un article sur la dératisation de l’île de Sein.
Passons sur la fausse information relative à « l’arrivée en France du surmulot vers 1750 ».
En effet, cette date est reconnue complétement bidon par la communauté
scientifique, puisqu’il y a des traces de sa présence dans l’est de la France dès
le 4ème siècle.
La dératisation a consisté en la pose de postes d’appâtage
sécurisés tous les 5-15 mètres, 30 maxi, de manière à « quadriller » l’île. Cette méthode
aurait « fait ses preuves, nous
dit-on, dans des îles polynésiennes et
néo-zélandaises ». Ce qui est oublier qu’elle n’a pas fonctionné dans
d’autres, comme l’île australienne de Henderson, où la nourriture saine
disponible était infiniment plus appétente que les 75m3 de raticides déversés.
Sur l’île de Sein, après 4 semaines de pose et suivi du traitement
(renouvellement des appâts consommés), il est présenté un tableau montrant l’augmentation
et la baisse rapides des consommations. La dératisation « totale » est considérée obtenue
avec le maintien du dispositif « pendant
2 semaines ».
Cette manière de faire (quadriller d’appâts une importante
zone) est en contradiction avec la norme EN 16636, le rapport DRAFT « Mesures d’atténuation des risques pour les
anticoagulants », et la fiche technique de la CS3D « Traitements contre les rats et souris »,
qui prescrivent de ne traiter que la zone où se trouvent des traces d’activité
murine.
Par ailleurs, il n’est nulle part fait mention dans l’article
des sources de nourritures exploitées par les rats et des dispositions pour les
empêcher d’y accéder.
Nous mettons donc fortement en doute l’efficacité réelle de
cette dératisation.
Si les 4 caméras utilisées avaient filmé des endroits où se
trouvaient de la nourriture saine et des postes d’appâtage, il aurait été vu des
rats dominant écarter des congénères dominés de leur lieux de nourrissage sain ;
dominés se rabattant alors sur les appâts.
Il y a de très fortes chances que bien des rats dominants n’aient
pas consommé d’appâts empoisonnés, puisqu’ils pouvaient accéder à leurs sources
de nourriture habituelles.
Bien sûr que la population murine a été drastiquement réduite
avec cette campagne. Mais nous faisons le pari que d’ici moins d’un an, il y
aura de nouveau autant de rats qu’avant.
Quitte à parcourir toute l’île dans tous les sens pour la
quadriller de boites, l’applicateur de la société Help Service ne pouvait-il
pas repérer les zones infestées et ne traiter qu’elles ? En supprimant d’abord
et autant que faire se peut les sources de nourriture saine qui s’y trouvaient ?
Et donc en posant beaucoup, beaucoup moins de postes d’appâtage ?
Mais voilà, c’est tellement confortable de ne pas se poser
trop de questions et de poser des boites partout, histoire d’en mettre plein la
vue à ceux qui paient… Et puis ça fait marcher les affaires du fournisseur.
Tout le monde est content donc.
Même les rats les plus malins, qui sont toujours là. Rats
qui rigoleraient bien s’ils savaient lire…
Pierre Falgayrac