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lundi 9 janvier 2017

A propos de la pétition "« Stoppez le génocide des rats "



Le contexte : pour la première fois de son histoire, la mairie de Paris a communiqué sur une campagne de dératisation des parcs et jardins de la ville.
Les maladresses de cette communication ont été exploitées par des personnes peut-être bien intentionnées, mais aux arrières pensées étranges (politiques ?)…

Le point d’orgue a été la pétition de Mme Josette Benchettrit, intitulée « Stoppez le génocide des rats », en ligne sur le site www.mesopinions.com/

Les propos que tient cette dame sur les antennes de RMC témoignent de sa méconnaissance totale du sujet, tout comme les journalistes qui l’interrogent. Or, le monde entier en parle !  http://podcast.rmc.fr/channel48/20161218_animaux_1.mp3 – aller à la minute 27

Mme Benchettrit dit que :

-          « La mairie de Paris veut exterminer les rats, c’est un véritable génocide » : faux. Seuls les rats des parcs et jardins étaient visés par la campagne de dératisation. Or, 75 à 80% des rats parisiens nichent dans les égouts.
Comme il y a des rats qui nichent en surface ailleurs que dans les parcs et jardins (espaces verts non clos, squats, friches urbaines…), le plan d’action de la mairie de Paris s’attaquait au mieux à 10% des rats parisiens.
Peu de rats étaient visés, il ne s’agit donc pas d’un « génocide ».

-           « Le poison utilisé provoque de terribles douleurs aux rats » : c’est faux. L’empoisonnement aux anticoagulants est indolore : les rats sont progressivement affaiblis par de petites hémorragies internes, et le plus souvent meurent dans leur sommeil, dans leur terrier. Ce type d’empoisonnement respecte le bien être de l’animal ; d’ailleurs, les humains traités aux anticoagulants pour leur santé peuvent témoigner qu’ils ne souffrent pas, même en cas de surdosages.
Il ne s’agit donc pas d’une méthode cruelle pour les rats.

-          « Les rats consomment 9kg de déchets par minute » : c’est faux. C’est ce qu’ils consomment en une vie, qui dure un an, puisqu’ils mangent l’équivalent de 10% de leur poids par jour, soit 25g en moyenne ;

-          « Cela représente 500 kg / jour, que les égoutiers et éboueurs n’ont pas à manipuler » : c’est faux. Les + ou – 3,8 millions de rats parisiens (il y a 1,75 rats/ habitant en cœur de ville) consomment +ou- 9 tonnes/jour. Mais il est vrai que c’est toujours ça de moins à traiter par les services de nettoiement ;

-          « Les rats sont prisonniers des égouts », au motif que « dés qu’ils en sortent on cherche à les tuer » : c’est faux. Ils y font leurs terriers, à l’abri des prédateurs, ils y boivent, mais depuis toujours ils en sortent tous les jours pour manger en surface, car il y a très peu à manger dans les égouts. Cette dame n’est manifestement jamais entrée dans un égout. Moi, si. Plusieurs fois, pour étudier le comportement des rats justement. Et j’ai fait quantité de photos qui prouvent qu’il n’y a quasiment rien à y manger.

  « Heureusement ils sont là, dans les égouts ; car sinon nos toilettes seraient bouchées » : dit comme ça, c’est faux. D’abord, il n’y a quasiment plus de toilettes raccordées directement à un égout, ensuite, oui, en circulant entre les grilles d’avaloirs ils évitent qu’elles se colmatent mais surtout, en creusant leurs terriers dans le limon des grands avaloirs, ils en affaiblissent la structure, ce qui permet leur lessivage lors de forts épisodes orageux.

A noter par ailleurs que les différents reportages filmés ont montré qu’il y avait davantage d’appâts partiellement consommés que d’appâts totalement consommés.
Ces blocs d’appâts fixés dans les boites pèsent de 40 à 80 g, ils correspondent donc à 2 à 4 repas, nombre nécessaire pour que suffisamment d’anticoagulant s’accumule dans le foie. Or, plusieurs rats ont consommé tout ou partie de ses appâts, diminuant d’autant l’absorption de poison par individu. En conséquence, la résistance des rats aux anticoagulants a été renforcée, puisqu’elle découle de la consommation régulière de doses non létales !
Comme génocide, c’est loupé !

La pétition de Mme Benchettrit, pour « sauver les rats de Paris d’un génocide douloureux »  est totalement infondée et irresponsable. Et ceux qui l’ont signé ne savent même pas de quoi il retourne.

Il s’agit d’un magnifique exemple d’un buzz totalement artificiel et creux, donc
une démonstration de la facilité avec laquelle il est possible de manipuler l’opinion et se faire de la publicité… 

Pierre Falgayrac
www.hyform.fr