Le
contexte : pour la première fois de son histoire, la mairie de Paris a
communiqué sur une campagne de dératisation des parcs et jardins de la ville.
Les
maladresses de cette communication ont été exploitées par des personnes
peut-être bien intentionnées, mais aux arrières pensées étranges
(politiques ?)…
Le point d’orgue a été la pétition de Mme Josette Benchettrit, intitulée « Stoppez le génocide des rats », en ligne sur le site www.mesopinions.com/
Les propos que tient cette dame sur les antennes de RMC témoignent de sa méconnaissance totale du sujet, tout comme les journalistes qui l’interrogent. Or, le monde entier en parle ! http://podcast.rmc.fr/channel48/20161218_animaux_1.mp3 – aller à la minute 27
Mme Benchettrit dit que :
-
« La mairie de Paris veut exterminer les rats,
c’est un véritable génocide » : faux. Seuls les rats des parcs et jardins étaient visés par la
campagne de dératisation. Or, 75 à 80% des rats parisiens nichent dans les
égouts.
Comme
il y a des rats qui nichent en surface ailleurs que dans les parcs et jardins
(espaces verts non clos, squats, friches urbaines…), le plan d’action de la
mairie de Paris s’attaquait au mieux à 10% des rats parisiens.
Peu de rats étaient
visés, il ne s’agit donc pas d’un « génocide ».
-
« Le poison utilisé provoque de terribles
douleurs aux rats » :
c’est faux. L’empoisonnement aux
anticoagulants est indolore : les rats sont progressivement affaiblis par
de petites hémorragies internes, et le plus souvent meurent dans leur sommeil,
dans leur terrier. Ce type d’empoisonnement respecte le bien être de l’animal ;
d’ailleurs, les humains traités aux anticoagulants pour leur santé peuvent témoigner
qu’ils ne souffrent pas, même en cas de surdosages.
Il ne s’agit donc pas
d’une méthode cruelle pour les rats.
-
« Les rats consomment 9kg de
déchets par minute » :
c’est faux. C’est ce qu’ils
consomment en une vie, qui dure un an, puisqu’ils mangent l’équivalent de 10%
de leur poids par jour, soit 25g en moyenne ;
-
« Cela
représente 500 kg / jour, que les égoutiers et éboueurs n’ont pas à
manipuler » :
c’est faux. Les + ou – 3,8 millions de rats parisiens (il y a 1,75 rats/
habitant en cœur de ville) consomment +ou- 9 tonnes/jour. Mais il est
vrai que c’est toujours ça de moins à traiter par les services de nettoiement ;
-
« Les
rats sont prisonniers des égouts », au motif que « dés qu’ils en
sortent on cherche à les tuer » : c’est faux. Ils y
font leurs terriers, à l’abri des prédateurs, ils y boivent, mais depuis
toujours ils en sortent tous les jours pour manger en surface, car il y a très
peu à manger dans les égouts. Cette dame n’est manifestement jamais entrée dans
un égout. Moi, si. Plusieurs fois, pour étudier le comportement des rats
justement. Et j’ai fait quantité de photos qui prouvent qu’il n’y a quasiment
rien à y manger.
A noter par
ailleurs que les différents reportages filmés ont montré qu’il y avait
davantage d’appâts partiellement consommés que d’appâts totalement consommés.
Ces blocs
d’appâts fixés dans les boites pèsent de 40 à 80 g, ils correspondent donc à 2
à 4 repas, nombre nécessaire pour que suffisamment d’anticoagulant s’accumule
dans le foie. Or, plusieurs rats ont consommé tout ou partie de ses appâts,
diminuant d’autant l’absorption de poison par individu. En conséquence, la
résistance des rats aux anticoagulants a été renforcée, puisqu’elle découle de
la consommation régulière de doses non létales !
Comme génocide, c’est loupé !
La pétition
de Mme Benchettrit, pour « sauver les rats de Paris d’un génocide
douloureux » est totalement infondée et irresponsable. Et
ceux qui l’ont signé ne savent même pas de quoi il retourne.
Il s’agit
d’un magnifique exemple d’un buzz totalement artificiel et creux, donc
une démonstration
de la facilité avec laquelle il est possible de manipuler l’opinion et se faire
de la publicité…
Pierre Falgayrac
www.hyform.fr